Violence aveugle et gratuite des miliciens du régime RPT-UNIR,
barbarie des forces de défense et de sécurité, discours discourtois et propos
haineux d’un échantillon de ministres bavards, privation arbitraire des
libertés, érection de certaines contrées du Togo en zone ou espace de non droit
afin de priver les militants de l’opposition de profiter d’une partie du
territoire… c’est si vous en doutez, la nouvelle configuration du landerneau politique
qui consacra assez de colères ou de frustrations au sein des populations togolaises
défavorisées, brimées et rejetées. Or, de ces frustrations naissent le plus
souvent de gros monstres qui au réveil, se déchaineront à coup sûr. Le Togo est
sur des braises. Qui pourra le tirer du pire ?
Des
crispations, des pressions et des répressions, des dénonciations aux appels du
peuple à la résistance, jamais de mémoire d’homme, un scrutin législatif au
Togo n’a entrainé autant de passions, provoquer de vives réactions et nourrir
des énergies convulsives qui pourraient engendrer le déluge. Aujourd’hui, du
fait des hésitations du régime RPT-UNIR à opérer les réformes politiques, constitutionnelles
et institutionnelles voulues par la majeure partie du peuple, fouettant ainsi
le rêve d’Alternance et de Changement qui enveloppe les peuples, les yeux des
togolais s’ouvrent désormais et, ils se battent pour la transparence des
prochaines législatives. Une forme d’échauffement avant la compétition
présidentielle de 2020.
Se
rendant véritablement compte du prochain réveil du peuple pour sa libération,
c’est-à-dire des togolais décidés et déterminés pour le changement quel que
soit le prix à payer, le régime Gnassingbé ressuscite pour sa part, sa cruauté d’antan
en multipliant des méthodes totalitaires et de gangstérisme d’Etat pour
terroriser les pauvres populations.
« Plus de deux mois après la publication de la
feuille de route de la CEDEAO, alors que le peuple togolais est en attente de sa
mise en œuvre, la coalition fait les constats suivants: la recrudescence des menaces
et agressions physiques sanglantes par les milices du pouvoir sur des responsables
et militants politiques locaux durant l’exercice de leurs activités politiques, » ont déclaré les
responsables de la C14 avant de faire cas de l’interpellation du vice-président
du PNP à
Badou, de l’arrestation d’un militant de la CDPA à Solla, la tentative d’assassinat
du président fédéral de l’ANC à Kara. Ce dernier a été roué de coups et laissé pour mort
dans une mare de sang. Ils ont également dénoncé la présence massive des forces
de sécurité et de défense dans les villes de Sokodé, Bafilo et Mango et surtout
l’impossibilité d’organiser des activités politiques dans la ville de Kara
comme au temps du capitaine Ernest Gnassingbé.
Pour
la coalition de l’opposition, « les mesures d’apaisement préconisées
par la feuille de route particulièrement la libération des prisonniers
politiques, ne sont toujours pas exécutées. On assiste plutôt à de nouvelles
arrestations de militants de l’opposition au cours d’activités politiques,
créant ainsi un climat de terreur au sein de la population ». Bref,
la C14 prouve à suffisance qu’aujourd’hui, tous les signaux sont au rouge, soit
pour rappeler les douloureuses périodes de 2005 qu’aucun togolais ne veut plus revivre.
« Les menaces exercées par les militants des
partis sur les militants des partis adverses, le phénomène de milices armées de
fusils de chasse faisant des descentes dans les quartiers ou accompagnant des
cortèges et tirant sur les militants adverses…D’autres cas d’atteinte à
l’intégrité physique ont eu lieu avec la complicité des forces de l’ordre. C’est
le cas des militants du RPT qui avaient battu des jeunes revenant des
manifestations politiques organisées par les membres de l’opposition. Diverses
sources ont confirmé avoir vu des militaires favorisant l’accès dans des lieux
de réunions politiques et publiques aux militants du parti au pouvoir. Ces
derniers auraient été munis d’armes blanches notamment des machettes, des coupes-coupes
et des bâtons cloutés. Les participants à ces manifestations auraient été
battus, blessés et maltraités au moment où ils regagnaient leur domicile ».
Ces
lignes qui décrivent les malheureuses situations sociopolitiques au Togo ne
datent pas des derniers évènements politiques. Ce sont des extraits du rapport
de la mission de l’ONU sur les violences et violations des droits de l’homme commises
en 2005 à la suite de la prise du pouvoir à la hussarde par Faure Gnassingbé.
Cependant, en comparant la situation passée et présente, l’on ne douterait un
seul instant qu’il ne s’agit que de la résurrection des vieilles méthodes du
régime pour s’éterniser au pouvoir et s’imposer aux togolais. La conséquence de
la barbarie en 2005 a été le « trophée de sang » du système RPT-UNIR,
cette coupe de la soi-disant victoire de sauvetage du régime de sa fin.
Aujourd’hui,
se voyant encore dos au mur avec un pouvoir qui chancelle, Faure Gnassingbé et
ses amis veulent crânement jouer la carte de survie. Parce que l’impression qui
se dégage du silence assourdissant des autorités togolaises face à la
recrudescence de la violence et à la montée de l’extrémisme politique au Togo,
est que certains semblent avoir fait le pari du chaos. « Prenez les armes et faites
ce que vous voulez ». Ce surprenant discours sur un plateau de
télévision et venant d’un conseiller du président togolais, en dit long sur la
posture d’un régime qui se prépare à tout. « Le gouvernement est suffisamment
préparé à toutes les éventualités, » dixit le ministre Bawara.
Bien avant lui, le 15 septembre 2017, Christophe Padumhèkou Tchao, le président
de la majorité présidentielle au Parlement déclarait : « Si
ce Togo-là brûle, nous brûlerons tous ». Mais puisque le hasard n’a
jamais existé, c’est le 15 septembre 2012, soit 05 années plus tôt que le Togo
a enregistré la nouvelle venue de la milice du régime au-devant de la scène
politique avec des voies de fait commises au quartier Doumassésé (Adéwui). Des
miliciens que Christophe Tchao appelle fièrement « nos jeunes ».
Cette
bénédiction du mal politique qui chaque jour, se traduit dans les faits par
l’impunité dont bénéficient les auteurs et commanditaires des crimes politiques
au Togo, doit interpeler l’opinion nationale et internationale parce que le
Togo se présente aujourd’hui comme une grosse poudrière prête à exploser à tout
moment. Mais les gens n’ont cure de changer de méthodes pour sauver la Nation,
feignant ignorer les avertissements du président de la CVJR, Mgr Nicodème Barrigah : « Il suffit d’une étincelle pour
embraser tout un pays et le faire basculer dans l’horreur. Actuellement, les
manifestations récurrentes, les grèves des syndicats, les propos belliqueux
tenus dans les médias, etc. sont autant d’éléments qui font redouter ces vagues
de violences. Il est donc urgent de chercher ensemble les solutions
appropriées ».
Normalement,
il revient prioritairement au président de la République de chercher lesdites solutions
et de prendre toutes ses dispositions pour protéger la Nation. Mais, obnubilé
par le pouvoir et surtout l’envie de s’éterniser en dépit de toutes les
revendications démocratiques de la majorité des togolais qui veulent à l’instar
d’autres Nations africaines expérimenter les avantages de l’Alternance, Faure
Gnassingbé semble s’inscrire dans le schéma de tout faire pour tout garder. Une
telle option avait été déjà prise par le même régime au décès du général
Gnassingbé Eyadéma. Les conséquences sont connues de tous.
« Les peuples qui ne réfléchissent pas sur leur
passé sont condamnés à le revivre ». Telle une grande malédiction
prononcée contre la Nation togolaise, l’histoire de sang semble encore s’écrire
sous nos yeux à cause de l’appétit vorace de certains hommes qui privilégient
l’intérêt personnel au détriment de celui de la Nation. Cependant, il faut
retenir que demain, seul le Président Faure Gnassingbé sera comptable devant
l’histoire après un éventuel chaos. Alors, il ferait mieux d’éviter encore le
bain de sang au Togo.
Sylvestre BENI
TOGO : Qui pour éviter le crash ?
