« La folie, c’est de faire toujours la même chose
et de s’attendre à un résultat différent, » déclarait le physicien
américain, Albert Einstein avant que son compatriote, le philosophe Georges Santayana
ne puisse ajouter : « Les peuples qui ne réfléchissent pas sur leur passé
sont condamnés à le revivre ». Seulement que l’opposition togolaise n’a
jamais appris la leçon.
Crise
de leadership : c’est l’un des virus antiques au sein de la classe
politique de l’opposition au Togo.
Pendant
des années, ce virus qui s’est transformé en une pandémie, tire toujours les
leaders de l’opposition togolaise vers le bas. Curieusement, ils n’ont cure de
changer de comportements. « Ceux qui ne tirent pas les leçons du
passé, sont condamnés à les revivre ». Un proverbe à multiples
versions de Georges Santayana.
De
1990 à nos jours, l’autre curiosité au Togo réside dans le fait que les
opposants togolais se trompent facilement d’objectifs et de cibles, se
retrouvant eux-mêmes sur un théâtre politique où ils sont censés abattre
adversaire commun.
« C’est à cause de l’égoïsme insensé et
rédhibitoire des leaders politiques divisés par la conquête du fauteuil
présidentiel que chacun estime lui être prioritairement destiné que
l’alternance tarde à se produire, » soulignait Mgr. Kpodzro.
L’Archevêque
émérite de Lomé ne croyait pas si bien dire puisque la boutade de l’opposition
en 1994 qui a même coûté l’alternance au peuple, est encore vivace dans les
esprits. Rappel : Au sortir des élections législatives de 1994, l’Union
Togolaise pour la Démocratie (UTD) de Edem Kodjo gagne sept (7) sièges au
Parlement, le CAR de Me Yawovi Agboyibo en tête avec 36 sièges et le RPT de
Gnassingbé Eyadéma : 35. Il suffisait à ces deux formations de l’opposition
de faire la jonction, puis le tour est joué. Mais, à cause de la cupidité des
deux hommes, la mesquinerie, l’hypocrisie, la félonie, l’envie et la jalousie
qui s’est installée entre ces « monsieur », Eyadéma a usé de sa
politique de « diviser pour régner » pour retourner la situation
en sa faveur. Il pourrait bien chanter dans une forme d’ironie : Si nous sommes divisés, l’ennemi s’infiltre,
Dans nos rangs pour nous exploiter… Oui, l’optimisme de tout un peuple à réaliser
enfin l’alternance vient de voler en éclats par cette tragicomédie de 1994.
Aujourd’hui,
bien que les années passent et que les jours trépassent, cette culture de
chacun prêche pour sa chapelle, observée dans les rangs de l’opposition, est
restée ancrée dans la mémoire collective des opposants togolais. Difficile de
se départir même ils sont conscients que les règlements de compte, la haine et
le désordre font retarder l’échéance de l’alternance. Pendant ce temps, c’est
le peuple qui paie le plus lourd tribut à l’escalade des violences. Cela semble
ne pas les émouvoir. Car, depuis les balbutiements de la coalition, certains
leaders de l’opposition se starifient dans des invectives sur les médias avec
une terre de prédilection pour leurs préposés sur les réseaux sociaux, où ils se
livrent à une guerre sans merci au moindre message d’un camp ou l’autre,
ignorant que l’adversaire commun peut aussi utiliser ce canal pour les diviser
et les déstabiliser.
Les
partis politiques les plus en vue dans la mêlée, sont le PNP de Tikpi Atchadam
et l’ANC de Jean Pierre Fabre. Or, alors qu’il a l’obligation morale de siffler
la fin de cette pagaille qui perdure, car président de la principale force de
l’opposition au Togo, M. Fabre semble laisser libre cours au désordre de se répandre
quand UNIR avance.
S’agissant
des militants des deux partis, pris individuellement, chacun veut le
changement. Mais aujourd’hui, ils se tirent dessus sans répit, ignorant
l’adversaire commun et l’objectif ultime : l’alternance.
Dans
ces circonstances, la question qui se pose est la suivante : Togolais,
veux-tu en réalité ?
Sylvestre BENI
Opposition togolaise: le retour des vieux démons
