« Il faut rendre à César ce qui est à César, et à
Dieu ce qui est à Dieu ». Cette locution proverbiale est connue de tous y
compris des fils et filles du canton de Bè. Après plusieurs années de
confiscation ou d’usurpation du Trône royal de Bè par la progéniture Aklassou,
selon les déclarations de la filiation Sodjédo Adéla dont l’ancêtre fut fondateur
et premier chef canton de Bè, aujourd’hui, la descendance de Sodjédo Adéla
réclame la paternité et la restitution du Trône en se fondant sur des actes
officiels du gouvernement togolais.
Visiblement
fatigué sous le poids de l’âge, plus de 120 ans selon son entourage, c’est Togbui
Mihesso Sodjédo Zégbla Adéla qui, le weekend dernier, a convié la presse pour
lever le coin du voile sur le problème de chefferie dans le canton.
Dans
ses explications pointilleuses de l’historique sinon la genèse de fondation du
canton de Bè, il assure clairement que la détention actuelle du Trône royal par
la progéniture Aklassou est une usurpation : « C’est mon papa Togbui
Adéla qui a fondé Bè et a été le premier chef canton. A sa disparition, son
fils unique du nom de Zégbla Adéla a
pris la succession. Mais au décès de Zégbla, les enfants des étrangers dont Chimadoui
accueillis par l’ancêtre Adéla usurpent le Trône royal. La fille de Chimadoui avait
épousé la famille Aklassou de Zowla et ses enfants sont restés sur la terre de
leur grand-père maternel, c’est-à-dire dans le canton de Bè pour fréquenter.
Donc au décès de Zégbla, âgés et aussi instruits, les petits-fils de la
descendance de Chimadoui, les Aklassou usurpent le Trône qui, normalement
devait revenir au fils unique de Zégbla qui est Sodjédo. La revendication du Trône
par les autochtones a porté ses fruits et la chefferie fut restituée de droit à
Sodjédo, issu de la filiation Adéla. Mais plus tard, cette chefferie fut encore
reprise par les Aklassou dont la descendance détient jusqu’aujourd’hui le Trône
royal du canton de Bè, » explique Togbui Mihesso Sodjédo Zégbla
Adéla. Pour tout masquer et donner l’impression d’être aussi digne d’occuper la
chefferie à Bè, selon les explications de la filiation Adéla, la famille Aklassou
est obligée de joindre au titre royal, le nom de famille Adéla. Raison pour
laquelle, l’actuel chef canton de Bè porte le titre de Togbui Mawuko Adéla Aklassou
IV.
Aujourd’hui,
le chef de la collectivité Sodjédo Adéla réclame la paternité et la restitution
du Trône royal du canton de Bè en se fondant sur des actes officiels du
gouvernement togolais. Il demande, en effet, au pouvoir public que justice soit
faite pour que le Trône revienne à qui de droit, c’est-à-dire à la filiation
Sodjédo Adéla comme ce fut le cas le 17 avril 1965 où, le gouvernement togolais
par le biais du Ministre de l’intérieur de l’époque, M. Fousseni Mama a présidé
une cérémonie officielle de réinstallation du chef coutumier Sodjédo Adéla dans
ses fonctions de chef canton de Bè. Ce dernier a été destitué en avril 1959. Les
échos de cette cérémonie de réinstallation du chef Sodjédo Adéla ont été publiés
dans le journal officiel de la République Togolaise, Togo-Presse du Mardi 20
avril 1965. La rédaction du journal La Manchette a d’ailleurs reçu une coupure
de Togo-Presse d’alors.
Le
chef de la collectivité Sodjédo Adéla assure qu’ils ont toutes les
infrastructures nécessaires pour installer l’un des leurs sur le Trône, car
leur palais royal construit par les Allemands existe encore à Bè-Adjrométi,
premier quartier de Bè. « Il y a une chambre à coucher pour le
chef, une autre réservée au secrétaire…, » précise-t-il.
Autre
problème, la filiation Sodjédo Adéla alerte l’opinion que tous ceux qui ont
acheté et achètent encore des terrains du titre n°255 à son insu, le font à leur
risque et péril. « C’est une propriété de la famille Sodjédo Adéla, »
a-t-elle prévenu. Elle soutient cela par une décision de la Chambre judicaire
de la Cour suprême du Togo qui, dans son arrêt du 25 janvier 1968, a conféré le
droit de propriété définitif aux consorts Adéla, le chef de la collectivité
Sodjédo VI, chef du canton de Bè. Puis dans un communiqué en date du 07 mars
1968 signé par le chef Sodjédo Adéla et
publié dans le quotidien national Togo-Presse à l’époque, le chef mettait « en
garde tout acquéreur à compter de la date de l’arrêt, des parcelles comprises
dans le titre n°255 au sieur Aklassou Joseph de Bè ». Aussi
invitait-il « tous acquéreurs munis de titre de propriété ou non de se
présenter auprès du chef Adéla de Bè ».
Le
chef de la collectivité Sodjédo Adéla, dit mettre les gens en garde parce
qu’aujourd’hui, certains, dépossédés de leur propriété, viennent les voir pour
des plaintes.
A suivre…
Canton de Bè : Togbui Aklassou contesté
