Depuis quelques jours, le Président de l’Université de
Lomé, le Professeur Dodzi Kokoroko et le sieur Victor Topanou, de
nationalité béninoise, Maitre-assistant en Droit public, font l’actualité avec
l’affaire d’accusation d’usurpation de titre du premier qui a esté en justice l’auteur
de cette accusation pour diffamation. Alors que l’affaire est encore pendante
devant les tribunaux au Benin, des informations circulent sur le retrait de la
plainte par le Professeur Kokoroko, synonyme d’une capitulation afin d’éviter à
la fin le déshonneur. La rédaction du journal La Manchette a pris le temps de
bien fouiner et voici ce qu’il en est réellement.
Inutile
de faire attendre trop longtemps pour confirmer ou infirmer tout ce qui se dit
sur ce procès. Le Professeur Dodzi Kokoroko a-t-il retiré la plainte contre M. Victor
Topanou ? La réponse est : NON. Le reste des faux commentaires n’est
qu’affabulation et pure diversion pour se redonner une certaine honorabilité
devant les banalités servies. « La vérité éclatera dans cette affaire
et chacun sera situé sur ceux qui font dans les intoxications de l’opinion en
se versant dans des accusations fantaisistes et sans aucun fondement. Les
forces du mal ont tôt fait de crier victoire, oubliant que la procédure pénale
pour les fins connaisseurs, recèle bien des surprises. En procédure pénale, on
ne gagne pas sur les médias ou sur les réseaux sociaux, on gagne devant les
tribunaux et cours, » a déclaré un célèbre avocat en charge du
dossier qui « s’étonne de l’ignorance des moralisateurs qui confondent
annulation d’une citation et retrait d’une procédure. Le droit processuel est
têtu et gardons-nous des banalités et du sensationnel, »
conclut-il. Maintenant, qu’en est-il du fond de l’affaire ?
La question
d’usurpation…
« L’actuel Président de l’Université de Lomé a
été présenté lors de sa nomination comme un “Professeur titulaire en Droit public
et Science politique“ ». C’est de cette manière trop simpliste et
quelque peu forcée de la réalité que certaines personnes tentent de justifier
un acte de faux et d’usurpation.
D’abord
sur le faux, la tradition universitaire est profonde et recèle souvent de
subtilités. Même si les profanes et parfois certains initiés se gargarisent de
ces titres, on rappellera avec force que l’ordre protocolaire semble bien
établi. On est Professeur titulaire…, de quoi…, de Chaire. Par conséquent,
autant on est agrégé en Droit privé ou en Droit public et Science politique,
Professeur titulaire, autant on est loin d’être Professeur titulaire de toute
la discipline, à l’exemple du Droit privé, Droit public et Science Politique.
Ensuite
sur l’usurpation, l’on s’étonne du calme du Professeur Kokoroko souvent couvert
d’insanités par les auteurs de cette diffamation qui donnent l’impression
d’être en mission commandée. Qui plus est, l’usurpation en droit est le fait de
s’arroger l’usage d’une chose ou l’exercice d’un pouvoir appartenant à autrui.
En la circonstance, le Professeur Kokoroko est-il l’auteur du décret le nommant
Président de l’Université de Lomé et le présentant comme Professeur titulaire
en Droit public et Science politique ? La réponse est NON. Alors pourquoi
parle-t-on d’usurpation de titre ? Le Professeur Kokoroko court-il dans la
rue pour montrer fièrement ce décret présidentiel à tous ceux qui veulent le
voir ? La réponse, est encore NON. Finalement, l’accusation d’usurpation
de titre de M. Topanou contre le Président de l’UL ne donne-t-elle pas matière
à s’interroger sur les aptitudes d’analyse ou d’appréciation juridique de cet
ancien historien qui rencontre fortuitement le Droit et ayant passé ce même
concours d’agrégation en Droit public et Science politique sans succès. Il va
sans dire que M. Topanou, historien et devenu politiste presque par un coup du
hasard, ayant passé le concours de Ndjamena 2005, Droit public et Science politique
avec échec.
L’usurpation,
c’est l’exercice d’un pouvoir appartenant à autrui. Là, la première question
que tout esprit éveillé doit se poser est de savoir si le titre de Professeur
titulaire appartient à M. Topanou puisque l’usurpation sous-entend une injuste
possession dans le contexte précité de titre ou de pouvoir appartenant à autrui.
Le Professeur Kokoroko se serait-il emparé ou s’est-il emparé d’un titre d’autrui
qui empêcherait le véritable prioritaire d’en jouir et qui s’en est
plaint ? En réalité, s’il y a usurpation, c’est plutôt du côté du Maitre
de conférences qui se fait appeler Professeur dans des émissions radios ou
télés.
Au
demeurant, M. Topanou peut-il publier impunément les documents personnels
d’autrui dans des organes de presse d’ici et d’ailleurs, lesquels ne mesurent
même pas les poursuites auxquels ils s’exposent sous prétexte de régler des
comptes politiques au Professeur Dodzi Kokoroko ?
Comme
le métier de journaliste recommande aussi que l’on s’inscrive dans la culture
de la pédagogie, cette affaire doit normalement être abordée en tenant compte
du temps et
les réformes du Conseil Africain et Malgache pour l’Enseignement Supérieur (CAMES).
Lors
de nos investigations, l’on s’est rendu compte que le Professeur Kokoroko a été
agrégé en 2007 (au concours de Libreville) et il a franchi le cap de la
titularisation en 2014. En 2007, quand il passait son concours d’agrégation,
c’était sous le régime « Droit public et Science politique ». Ce qui logiquement
lui conférait le titre d’Agrégé de Droit public et de Science politique. Plus
tard, par la réforme CAMES en 2009, est consacrée la distinction des concours
d’agrégation Droit public et Science politique. Raison alors logique qu’à titre
d’exemple M. Hilaire Akerekoro (UAC) porte le titre d’Agrégé de Droit public et
M. Joseph Keutcheu celui d’Agrégé de Science politique (Université de Dschang).
Aussi renseigne-t-on que suivant la tradition universitaire, si on est agrégé
dans une branche scientifique précise, en revanche, on est Professeur titulaire
d’une Chaire et non de tout un domaine. Un exemple basique : M. Cyril
Dupont, Agrégé de Droit privé et Professeur titulaire (Chaire de Droit civil ou
Droit commercial). Dans certaines traditions universitaires, précise notre
source, on parlera plutôt de Professeur des universités pour établir la
distinction avec les professeurs des écoles, collèges et lycées qui passent
aussi des concours d’agrégation.
On
comprend alors que ceux qui parlent d’usurpation de titre manifeste une
certaine volonté de salir ou de nuire à leurs collègues. Aussi dans cette
affaire, l’on a l’impression que M. Topanou, Maitre de conférences en Science politique,
Côte C (la dernière et celle que l’on donne pour repêcher les moins bons)
développe un complexe vis-à-vis de jeunes Professeur titulaire qui ont été tout
simplement brillants lors de leur parcours universitaire.
Au
nom du contradictoire devant l’inexplicable, l’ancien coordonnateur des jurys
du concours de Libreville au détour de sa participation au Forum sur la
commande publique, déclarait être triste et remonté devant les avanies contre
le Professeur Kokoroko, le plus jeune du concours d’agrégation en Droit public
et Science politique, qui avec les Professeurs Loada et Kpodar ont participé à
la démystification de l’agrégation en Afrique. Oui, à 28, 29 ou 30 ans, on peut
ou doit être Agrégé aussi en Afrique et que d’autres pérennisent ce changement,
tel est notre souhait, avait-il lancé. Ce professeur-ministre et aujourd’hui
fonctionnaire régional n’a point menti car, le Professeur Kokoroko reste
aujourd’hui, le plus jeune Président d’Université en Afrique noire francophone
et au-delà de sa jeunesse, il démontre au bonheur de tous, sa force mentale, sa
vision et sa capacité de manager redouté et redoutable. Comparons…
« Que M. Topanou le tienne pour acquis, loin des
agitations stériles sur les réseaux sociaux et des élucubrations de certains
organes de presse manipulés, cette procédure judiciaire est tout, sauf un long
fleuve tranquille…,» a laissé entendre une autre source proche du dossier.
Xavier AGBEVE
Affaire KOKOROKO-TOPANOU : Ce qu’il fallait comprendre
